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Retraites : l’absence de vote sur la proposition de loi de la gauche pose un « problème démocratique » pour les syndicats

Déçus, voire révoltés, mais pas surpris. Les syndicats regardaient d’un œil très favorable la proposition de loi de La France insoumise (LFI) abrogeant le report à 64 ans de l’âge légal de départ à la retraite – une disposition qu’ils avaient vainement combattue au premier semestre 2023. L’absence de vote sur le texte, jeudi 28 novembre à l’Assemblée nationale, constitue, donc, une nouvelle déconvenue pour les organisations de salariés, même si elles s’étaient préparées à une telle hypothèse, compte tenu du nombre d’amendements déposés par le « socle commun ». Cet épisode, dans une bataille qui dure depuis presque deux ans, les préoccupe pour la suite, car il est susceptible, aux yeux de plusieurs représentants des travailleurs, d’accentuer un mécontentement dont l’extrême droite pourrait tirer profit.
La CFDT, par la voix de son numéro deux, Yvan Ricordeau, « regrette que, une fois de plus, le débat parlementaire fasse l’objet d’obstruction sans pouvoir discuter complètement des enjeux d’une réforme des retraites ». Une allusion – en particulier – à l’examen chaotique, en 2023, du projet de loi décalant à 64 ans l’âge d’ouverture des droits à une pension : les députés n’avaient pas pu se prononcer, par leur suffrage, sur la mesure d’âge et le texte était finalement passé grâce à l’article 49.3 de la Constitution, qui permet une adoption sans vote. La centrale cédétiste déplore, par conséquent, que le rendez-vous de jeudi, dans l’Hémicycle, ait encore tourné au fiasco, même si elle avait conscience que le parcours du texte défendu par les mélenchonistes s’annonçait « très compliqué ».
« Je suis atterrée par l’attitude des représentants de la coalition gouvernementale à l’Assemblée nationale, enchaîne Sophie Binet, la secrétaire générale de la CGT. Ils ne sont pas à la hauteur de leur mandat, car beaucoup d’entre eux ont été élus grâce aux suffrages de citoyens qui n’étaient pas d’accord avec leurs idées mais qui avaient cherché à faire barrage à l’extrême droite. » La syndicaliste n’attendait pas, bien sûr, de ces députés qu’ils donnent leur imprimatur à la proposition de loi de LFI mais, à ses yeux, « ils n’auraient pas dû empêcher un vote qui n’a jamais eu lieu sur cette réforme des retraites, alors que tous les syndicats et une écrasante majorité de la population la contestent ». « C’est antidémocratique et ça risque de nourrir l’antiparlementarisme, pour le plus grand bonheur de Marine Le Pen, s’indigne-t-elle. C’est très grave et ça laissera des traces. La politique n’est pas un jeu. »
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